Aux Camerounais, d’ici et d’ailleurs.
Reprenons un peu le fil des événements.
Je m’appelle Diane Audrey Ngako, je ne suis pas juste la fille de ma mère ou de mon père, je me considère surtout comme le rêve de mes ancêtres. Lorsque j’ai décidé de revenir à la maison en août 2016 après environ treize années passées à l’extérieur (France et États-Unis), je ne savais pas que cela serait si dur. À l’époque, j’avais vingt-cinq ans, j’étais bien plus remplie de vie et d’énergie qu’aujourd’hui. J’étais ce que les médias appelaient à l’époque une « afro optimiste ». Je l’étais un peu trop. Je voulais rentrer pour changer littéralement le Cameroun. Les conférences dédiées à l’Afrique en Occident – j’en ai fait à Paris, Rotterdam, Boston…– m’avaient fait penser, croire que le changement de l’Afrique, du Cameroun se ferait grâce à moi, pas que moi mais surtout grâce à mes actions.
C’est dans cette dynamique que j’ai atterri le 4 août 2016 à l’aéroport de Douala. Au début, telle une relation amoureuse, j’ai connu quatre phases. La passion, elle a duré six mois, j’étais heureuse d’être là, j’étais au bon endroit. Je voulais et pensais pouvoir tout faire. Le Cameroun était mon champ des possibles. Ensuite en février 2017, j’ai dû décider du chemin que je souhaitais prendre, je me suis tournée vers la communication, ce que j’avais étudié. J’ai créé mon agence, d’un seul coup la passion a laissé place à la lutte et l’adaptation. Je devais regarder mon environnement tel qu’il était vraiment, accepter que mon éducation fût plus française que camerounaise et que mes codes le fussent donc également. Je devais me réadapter au Cameroun et tout ce qui suit.
2018, a été l’année où j’ai été le plus désillusionnée. J’ai beaucoup douté et questionné mon retour. C’est surtout le moment où j’ai réalisé que personne ne m’attendait au Cameroun et que mon retour était un choix personnel. Il faut rentrer pour soi, pour grandir mais en espérant faire grandir les autres. J’ai dû retirer l’étiquette de super héroïne que je portais depuis deux années et uniquement enfiler mes bottes et me contenter de bien faire les choses pour moi. C’est le chanteur Maahlox qui dit souvent : « Si mon voisin fait un way qui me wanda .... Mouf je m'en fiche je triche ». Je le cite car si mes actions sont bonnes, d’autres feront les mêmes voire mieux et on grandira tous ensemble.
Aujourd’hui, je suis dans la phase stabilité et engagement. Je connais mieux Cameroun et j’aime finalement le temps que l’on passe ensemble. J’accepte que nous puissions avoir aussi des moments de froid. C’est pour moi le chemin classique d’une vie d’amour avec des hauts et des bas. Je pense aussi à demain, à ce qu’on laisse aux prochaines générations. Ce projet de recueil de lettres, qui se veut le début d’une collection, sera le messager de notre génération aux prochaines afin qu’on leur laisse ce quelque chose qui accompagnera leur voyage.
Cher lecteur, j’espère que « Lettres à Cameroun » trouvera une place au sein de votre bibliothèque et qu’ensemble on créera une mémoire collective où lorsqu’on nous demandera ce qu’est être camerounais.e, la réponse sera claire et limpide.
Bonne lecture. »
Diane Audrey Ngako
Détails
Recueillies par
Diane Audrey Ngako
Langues
Français-Anglais
Editeur
Baköu